Back to
Actualités
Publié le
Mardi 13 Février 2024
Inspirons-nous de l’héritage d’une grande génération d’architectes européens.

Ces derniers temps, l’Europe pleure la disparition de grandes personnalités qui ont, chacune à sa façon, marqué l’évolution de l’Union européenne : Jacques Delors, Wolfgang Schäuble, Robert Badinter – pour ne citer que quelques-unes – sans oublier Simone Veil, disparue en 2017, et Karl Lamers, auteur avec Wolfgang Schäuble d’un papier fondamental sur l’Europe (1994) qui reste d’une surprenante actualité.

Pour tous ceux qui s’engagent dans la coopération franco-allemande, une place particulière dans ce panorama de deuil occupe Alfred Grosser, qui s’est éteint à l’âge de 99 ans le 8 février. Infatigable passeur entre nos deux pays, actif dès le plus jeune âge pour nouer le dialogue entre le pays qui l’avait vu naître en 1925 et le pays qui l’a accueilli, lui et sa famille, et lui a donné une chance de survie. Celui ou celle qui souhaite construire, à travers un étroit partenariat franco-allemand, une Europe basée sur un profond humanisme peut et doit s’inspirer de l’œuvre remarquable d’Alfred Grosser.

Quand je l’ai rencontré à Aix-la-Chapelle en 2019 lors de la signature du nouveau traité « sur la coopération et l’intégration » entre la France et l’Allemagne, il était visiblement heureux de constater que sa conviction profonde avait porté des fruits :  sans une meilleure connaissance réciproque des pays et de leurs cultures, sans un effort intellectuel et humain, toute coopération politique est vouée à l’échec. Un des traits marquants d’Alfred Grosser était que, pour lui, tout homme, toute femme avait la même valeur : bien qu’ayant été reçu à la Chancellerie de Bonn puis de Berlin, au Bundestag ou à l’Elysée, il accordait la même attention et le même respect à une classe de lycéens, une association, un club culturel ou un conseil municipal.

Son œuvre - plus de vingt livres - s’adresse à un public large et diversifié. Mais il a surtout cherché le contact direct avec les êtres humains, pour échanger, dialoguer, et parfois presque prêcher. Son approche partait du constat que le progrès et la civilisation humanistes ne pouvait se réaliser sans comprendre, expliquer, et aussi accepter les différences qui peuvent exister entre individus, groupes ou pays. C’est dans l’échange direct, dans l’écoute réciproque que se construit la confiance. Rien n’est jamais acquis, la coopération franco-allemande ne va pas de soi : telle est l’un des enseignements que nous lègue Alfred Grosser.

Pour le Forum pour l’avenir franco-allemand, né avec le traité d’Aix-la-Chapelle, l’héritage de la « génération Grosser » est fondamental. Sans ces bâtisseurs courageux et visionnaires, nous ne pourrions pas aujourd’hui travailler en commun, dans la confiance et le respect de l’autre, dans un souci partagé de relever les défis qui sont devant nous. En partenariat avec de nombreuses structures actives dans la coopération franco-allemande pour un rapprochement des sociétés européennes, le Forum pour l’avenir apportera sa contribution à cet édifice, déjà vaste mais jamais complètement achevé, de la coopération – voire l’intégration comme le promet le traité d’Aix-la-Chapelle – entre la France et l’Allemagne.

Auteurs

Pr. Dr. Frank Basner, co-Secrétaire du Forum pour l'avenir franco-allemand
Tous nos travaux sur  :