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Publié le
Jeudi 07 Novembre 2013
Quelle France dans 10 ans ? Contribution de Pierre Bernard-Raymond, Sénateur, Ancien Secrétaire d’État aux Affaires européennes, Ancien Parlementaire européen, Membre de la Commission des Affaires européennes :  Pour une refondation de l'Europe
Quelle France dans 10 ans ? Contribution de Pierre Bernard-Raymond, Sénateur – Europe

Pierre BERNARD-REYMOND

La crise financière née aux États-Unis des excès de l’ultralibéralisme et qui a déferlé sur le monde a mis en évidence la fragilité de la construction européenne.

L’Europe s’est montrée vulnérable pour des raisons spécifiques : sa construction n’étant pas achevée, elle ne dispose pas encore de la cohésion et de tous les instruments nécessaires pour répondre rapidement et avec toute l’efficacité nécessaire à des chocs aussi violents que la crise actuelle. C’est ainsi, par exemple, que lors de la création de l’Euro, le pilier monétaire n’a pas été accompagné par celui de la gouvernance économique, indispensable à la gestion de toute monnaie.

Par ailleurs, la plupart des Chefs d’États et de Gouvernements n’ont jamais eu le courage d’expliquer à leurs peuples que les trente glorieuses avaient pris fin et que la mondialisation représentait un formidable défi en terme de compétitivité. Ils ont préféré camoufler cette dure réalité par des endettements excessifs qui constituent aujourd’hui de sérieux handicaps pour relancer la croissance.

Certes, cette crise a constitué par ailleurs un formidable accélérateur de l’intégration européenne. Qu’il s’agisse de la régulation, de la surveillance budgétaire ou bancaire, il n’eut pas été imaginable de progresser aussi rapidement en période de croisière.

Quoi qu’il en soit, l’Europe est dans une situation critique ; sur le plan économique, elle doit faire face à la plus grave crise rencontrée depuis la deuxième guerre mondiale. Sur le plan politique, on constate un désamour des opinions publiques et la montée des populismes, des nationalismes et des séparatismes.

Les peuples lui sont reconnaissants d’avoir établi la Paix de façon durable sur leur continent, ils apprécient qu’elle ait été capable d’assumer sa réunification au lendemain de l’implosion de l’URSS, mais face au troisième défi, celui de la mondialisation, ils attendaient d’elle, à tort ou à raison, davantage de protection et moins de rigueur face à la crise. Ils en font donc volontiers un bouc émissaire et sont tentés de se replier sur leur nation, voire sur des identités régionales, alors que face à la mondialisation, l’Europe n’a jamais été aussi nécessaire. Si nous voulons encore être demain des acteurs sur la scène internationale et préserver notre modèle démocratique et social, l’Europe n’est pas le problème, elle est la solution.

Nous sommes donc à un moment crucial où notre destin peut basculer vers l’effacement et la décadence – dans 50 ans, au rythme actuel, plus aucun État d’Europe ne figurera parmi les dix premières puissances du monde – ou au contraire, au prix d’un ressaisissement et d’une grande mutation, nous pourrons ensemble continuer à défendre dans le monde nos intérêts et notre et notre modèle sociétal. C’est en étant davantage européens que nous pourrons rester souverains.

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