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Communiqués de presse
Publié le
Mercredi 12 Juillet 2023
Chaque année, ce sont plus de 160 000 entreprises (hors micro-entreprises) qui sont radiées du registre du commerce et des sociétés par les greffes des tribunaux de commerce. Ces sorties du marché ne résultent pas toutes d'une liquidation judiciaire, loin s'en faut : on estime que la moitié d'entre elles - soit 80 000 radiations par an - correspondent à des fins volontaires d'activité. C'est deux fois plus que les sorties faisant suite à une liquidation judiciaire (environ 40 000 par an). Quelles sont les caractéristiques de ces entreprises qui sortent volontairement du marché ? France Stratégie y répond dans ce point de vue. France Stratégie publie également un document de travail « Les entreprises zombies en France : entre survie et défaillance ». Cette étude vise deux objectifs. Le premier est d'étudier l'impact du passage par le statut de zombie (appelé́ ici «zombification») sur la probabilité́ de défaillance des entreprises zombies. Le second est d'étudier leur cycle de vie afin de mieux comprendre les facteurs qui déterminent leur transition vers la défaillance, leur transition vers la viabilité́ ou leur maintien dans le statut de zombie.

Quelles sont les entreprises qui sortent volontairement du marché ?

Après construction d'un indicateur de suivi, ce point de vue dresse trois constats :

  • Alors que les défaillances d'entreprises ont été très faibles en 2020, 2021 et 2022, les sorties volontaires d'entreprises récemment actives n'ont que faiblement diminué en 2020. Elles ont retrouvé en 2021 et 2022 le niveau de 2019, qui lui-même était plus élevé que les années antérieures. Se trouve ainsi relativisée la crainte que le soutien aux entreprises pendant la pandémie ait empêché la sortie du marché des entreprises peu productives.
  • Les sorties volontaires sont surtout le fait de petites entreprises dont la productivité est faible et proche de celles des entreprises défaillantes. Elles sont toutefois bien moins endettées que ces dernières.
  • Le risque que des entreprises très productives cessent leur activité semble faible en France. Cela aurait pu être le cas si des défaillances de marché - par exemple la difficulté à trouver un repreneur pour un chef d'entreprise désirant partir à la retraite - empêchaient le maintien de l'activité d'entreprises productives.   

Les entreprises zombies en France : entre survie et défaillance 

  • La France ne semble pas souffrir d'un problème de zombification de son économie. Il semble même que le processus de sélection du marché gagne en efficacité au cours du temps. Il permet aux entreprises de sortir de plus en plus rapidement de leur statut de zombie, soit vers la défaillance, soit vers la pérennité. Une première analyse descriptive montre que 40 % des entreprises devenues zombies pour la première fois en 2010 redeviennent pérennes après trois ans et 30 % finissent en défaillance. Ce résultat évolue dans le temps : de plus en plus d'entreprises redeviennent viables au bout de trois ans (55 % pour la cohorte de 2015) et de moins en moins entrent dans des procédures collectives de redressement ou de liquidation judiciaires (21 % pour la cohorte 2015).
  • L'analyse économétrique montre que le statut de zombie accroît la probabilité de défaillance des entreprises matures de 22 %, à caractéristiques économiques et financières données (contre 220 % quand on ne tient pas compte de l'endogénéité de la variable zombie).
  • Par ordre décroissant des effets, l'appartenance à un groupe, la productivité globale des facteurs, les marchés concentrés (dont la valeur ajoutée est réalisée par très peu d'entreprises) et les barrières à la sortie (mesurées par les immobilisations corporelles et incorporelles) apparaissent comme des variables déterminantes du retour à la viabilité des entreprises zombies.

Au total, l'environnement économique (droit des faillites, institutions financières, etc.) dans lequel opèrent les entreprises en France ne semble pas favoriser le maintien sous perfusion des entreprises zombies. En effet, les chances de pouvoir se maintenir plusieurs années dans ce statut sont relativement faibles.