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Communiqués de presse
Publié le
Mardi 07 Décembre 2021
Entre 1979 et 2019, la part des plus de 60 ans dans la population française est passée de 17 % à 26 %. Ce vieillissement a alimenté la hausse des dépenses de protection sociale, qui sont passées sur la même période de 25 % à 31 % du PIB. De fait, les dépenses de santé et de retraites, qui bénéficient particulièrement aux plus de 60 ans, représentent aujourd'hui les trois quarts des dépenses de protection sociale. Pour autant, depuis une décennie, la part des dépenses de protection sociale dans le PIB se stabilise tandis que le vieillissement de la population se poursuit. Comment l'expliquer ? Qui paie le coût du vieillissement de la population ? Cette étude vise à apporter des réponses à ces questions et l'on peut en tirer plusieurs enseignements. Tout d'abord, les plus de 60 ans reçoivent, collectivement, une part croissante des dépenses de protection sociale, mais depuis une dizaine d'années, cette part augmente moins vite que la part des plus de 60 ans dans la population. Cela s'explique notamment par les réformes successives du système de retraite qui ont conduit à repousser l'âge effectif de départ et à modérer la croissance du niveau des pensions. Par ailleurs, la diversification des ressources de la protection sociale s'est traduite par une mise à contribution plus importante des plus âgés : la CSG et les taxes affectées au financement de la protection sociale touchent des individus de tous âges, contrairement aux cotisations sociales qui ne touchent que les actifs et dont le poids dans les recettes a diminué.
NA 103 - Protection sociale - Image principale

L'étude publiée aujourd'hui mobilise les comptes de transferts nationaux (CTN) qui proposent des profils par âge de consommation, de revenu, de transferts publics et privés, reçus et versés. Après un rappel de l'évolution des dépenses de protection sociale sur longue période, les auteurs étudient les profils par âge des dépenses et des prélèvements qui financent la protection sociale.

Dépenses de protection sociale : stabilisées en part de PIB mais davantage concentrées sur les âges élevés

Après une croissance très soutenue des dépenses de protection sociale jusqu'à la fin des années 2000, le poids de ces dépenses est resté relativement stable à partir des années 2010, entre 31 % et 32 % du PIB, malgré le vieillissement de la population. Ce sont sans surprise les personnes âgées de plus de 60 ans qui sont, collectivement, les premières destinataires de la protection sociale, car elles sont concernées au premier chef par les dépenses de retraite et de santé qui représentent les trois quarts des dépenses de protection sociale. Rapportées au PIB, les dépenses consacrées aux enfants ont beaucoup diminué depuis le début des années 1980, alors que celles consacrées aux personnes âgées ont augmenté : celles dont bénéficient les plus de 60 ans ont crû de 6 points de PIB entre 1979 et 2019..

Pour les personnes âgées, un net freinage des dépenses par tête au cours de la dernière décennie

Mais si les dépenses consacrées aux personnes de plus de 60 ans pèsent aujourd'hui plus lourd, c'est d'abord parce que ces dernières sont plus nombreuses. Rapportées au PIB par tête, les dépenses dont bénéficie en moyenne chaque personne de plus de 60 ans diminuent en effet depuis dix ans. Deux phénomènes principaux sont à l'œuvre : le recul de l'âge de départ effectif en retraite, qui fait que la part des retraités parmi les 60-65 ans diminue, et l'évolution des règles du système de retraites, qui modère l'évolution des montants de pensions versées.

Pour financer la protection sociale, les plus âgés davantage mis à contribution

Au cours du temps, les sources de financement de la protection sociale se sont diversifiées, avec une mise à contribution plus importante des plus âgés, essentiellement via l'introduction, puis la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) dont l'assiette est bien plus large que celle des cotisations sociales. Même s'ils sont davantage mis à contribution que par le passé, le niveau de vie des plus de 60 ans reste un peu supérieur à celui de l'ensemble de la population, ce qui constitue plutôt une exception en comparaison internationale.

Des transferts nets de protection sociale qui diminuent pour les plus de 60 ans et des contributions nettes qui augmentent entre 40 et 60 ans.

A chaque âge, on peut définir un transfert net moyen de protection sociale. Ce transfert net est défini comme le montant moyen de prestations de protection sociale, en espèces ou en nature, perçu à cet âge, duquel on déduit la contribution moyenne au financement de la protection sociale consentie à cet âge sous forme de cotisations ou de taxes. Ce transfert net est en moyenne positif pour les moins de 20 ans et les plus de 60 ans et négatif pour les individus âgés de 20 à 60 ans (on parle alors de contribution nette). Si on les rapporte au PIB par habitant, les transferts nets reçus par les 60-79 ans ont diminué de 11 points entre 2008 et 2019, quand ceux des plus de 80 ans baissaient de 6 points. Mais le coût du vieillissement repose aussi sur les moins de 60 ans : les contributions nettes des 40-59 ans (prélèvements payés pour financer la protection sociale moins prestations reçues) ont augmenté de trois points entre 2008 et 2019, confirmant une évolution de plus long terme, puisque leurs contributions nettes moyennes ont augmenté de 10 points entre 1979 et 2019.

Au total, si le coût du vieillissement est bien en partie supporté par les individus d'âge actif, dont les contributions au financement de la protection sociale se sont alourdies, il l'est également par les plus de 60 ans :  les transferts qu'ils reçoivent chacun en moyenne de la protection sociale, nets de leurs contributions à son financement, ont diminué significativement au cours de la dernière décennie.