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Espace presse
Publié le
Mercredi 31 Janvier 2024
En France, la séparation parentale se traduit par une baisse de niveau de vie marquée et durable pour les enfants. Grâce à une base inédite de 753 000 enfants suivis entre 2011 et 2019, France Stratégie en partenariat avec l'Ined, éclaire les effets immédiats et de moyen terme des séparations parentales pour 36 000 enfants qu'ils soient issus de ménages modestes ou aisés, en résidence alternée ou vivant principalement avec un de leurs parents, en famille monoparentale ou recomposée.

L'analyse documente à hauteur d'enfant les conséquences de la rupture à la fois sur leur niveau de vie et sur leurs conditions de logement, l'année de la rupture et jusqu'à plus de 5 ans après la séparation.

Une baisse significative et durable de niveau de vie des enfants, un risque de pauvreté qui double

La séparation parentale se traduit par une baisse de niveau de vie marquée et durable pour les enfants concernés : 19 % en moyenne l'année de la rupture et toujours 12 % cinq ans après. La baisse initiale est plus forte pour les enfants qui résident principalement avec leur mère, mais il n'y a plus d'écart avec ceux qui vivent avec leur père cinq ans après la séparation. La remise en couple du parent gardien fait disparaître la baisse de niveau de vie, mais elle ne concerne que 30 % des enfants six ans après la séparation.

Le taux de pauvreté fait plus que doubler, pour atteindre 29 % l'année de la séparation. Il est toujours de 21 % cinq ans après. Les séparations se traduisent par un risque accru d'entrée en pauvreté, notamment pour les enfants de ménages au niveau de vie intermédiaire avant la séparation. Les taux de pauvreté atteignent des niveaux très élevés pour les enfants de familles nombreuses.

Si on compare le niveau de vie des enfants concernés à celui des enfants dont les parents sont restés ensemble, l'écart croît avec le niveau de vie avant séparation : il est de 20 % l'année de la séparation pour les enfants issus du cinquième des ménages les plus aisés, contre 6 % pour les enfants issus du cinquième des ménages les plus modestes. Cet écart diminue mais ne se résorbe pas avec le temps.

Un impact sur les conditions de logement des enfants

Les séparations entraînent un déménagement pour six enfants sur dix dans les trois ans qui suivent la séparation, dont 38 % l'année de la rupture - des déménagements plus fréquents pour les enfants qui vivent avec leur mère. Après la séparation, moins d'enfants vivent dans un logement dont l'un des parents est propriétaire, et davantage dans un logement social, notamment pour ceux qui vivent avec leur mère.

Plusieurs facteurs amortissent la baisse de niveau de vie

La baisse de niveau de vie est plus faible que celle qui résulterait des effets mécaniques de la séparation (perte du revenu du conjoint et moindres économies d'échelle), car plusieurs facteurs viennent l'atténuer : les transferts sociaux et fiscaux, qui jouent un rôle d'amortisseur très important, notamment pour les ménages les plus modestes ; les pensions alimentaires versées, en particulier pour les ménages les plus aisés ; mais aussi les reprises d'activité (baisse marquée de l'inactivité des mères gardiennes après la séparation, d'autant plus forte qu'elles sont issues d'un ménage aisé) et les remises en couple. Pour les enfants résidant avec leur mère, la baisse observée est deux fois moindre que la baisse mécanique (et même dix fois moindre pour les enfants issus des ménages les plus modestes).