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Communiqués de presse
Publié le
Jeudi 20 Juillet 2023
La filière forêt-bois fait aujourd’hui l’objet d’une attention particulière car elle constitue un élément clé des politiques de lutte contre le réchauffement climatique. Elle contribue d’une part, au stockage du carbone dans l’écosystème forestier et dans les produits bois, et d’autre part, à la séquestration annuelle du carbone via la croissance des arbres. Toutefois, du fait du changement climatique, et notamment des périodes de sécheresse récurrentes, la séquestration de carbone en forêt a été divisée par deux au cours de la dernière décennie et la tendance pourrait se poursuivre dans le futur. Dans le cadre des débats sur l’atténuation des effets du changement climatique, deux stratégies relative à la filière forêt-bois sont souvent présentées. La première consiste à augmenter le stock de carbone contenu dans la forêt en réduisant son exploitation, tandis que la seconde consiste à exporter une partie du carbone des forêts vers des matériaux bois à durée de vie longue. C’est cette seconde option que la stratégie nationale bas carbone 2, en cours de révision, privilégie. Si de prime abord, le développement de la filière forêt-bois paraît séduisant, il n’est pas sans soulever des interrogations. En effet, outre l’atténuation du changement climatique, la forêt assure de multiples fonctions, qu’elles soient économiques, environnementales ou sociétales. Dès lors, comment privilégier l’une de ces fonctions sans affecter les autres ? Quelle est la meilleure stratégie en matière de séquestration de carbone et de protection de la biodiversité ? Quelle place pour la filière bois énergie ?

Si la stratégie de moindre exploitation semble globalement préférable en matière de biodiversité, en matière d’atténuation, la comparaison dépend de l’horizon de temps. En effet, à horizon de 30 ans et à structure actuelle de demande de matériaux bois, cette stratégie est plus efficace mais, à plus long terme, les avantages d’un accroissement des prélèvements sont susceptibles de l’emporter, du fait du remplacement des peuplements dépérissants et du rajeunissement des arbres, qui contribuent à améliorer la séquestration carbone.

Par ailleurs, l’usage du bois prélevé en forêt constitue un paramètre clé des politiques d’atténuation. Le bois d’œuvre et l'usage en matériaux de ses coproduits permettent de stocker le carbone. Cet usage est préférable à l'usage en énergie, car la combustion du bois conduit à une augmentation immédiate du carbone atmosphérique. Celle-ci n’est ensuite compensée que progressivement lors de la nouvelle croissance forestière.

Ainsi, les politiques publiques en place, reposant sur le postulat de neutralité carbone du bois énergie et minorant le stockage du carbone dans les matériaux bois, ne donnent pas les bonnes incitations. Il serait souhaitable de réorienter les soutiens au bois énergie vers les filières de production de matériaux à durée de vie longue. Plus largement, la planification de la filière, de la gestion sylvicole à l’usage du bois, en passant par l’industrie de la transformation, devra prendre en compte non seulement les enjeux d’adaptation au changement climatique et d’atténuation, mais également les enjeux d’indépendance énergétique et de biodiversité.

Concilier ces différents enjeux se révèle ardu, et plus qu’une seule et unique planification, il conviendra de mettre en place des planifications adaptées aux caractéristiques de chaque peuplement, notamment à leur richesse biologique et à leur vulnérabilité au changement climatique.

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