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Publié le
Vendredi 14 Décembre 2018
La défiance à l’égard des institutions peut faire obstacle à l’émergence d’un consensus et fragiliser l’action publique. Les experts ne sont pas à l’abri de cette défiance. Comment l’expliquer et mieux la prendre en compte dans la conduite des politiques publiques ?

Télécharger le rapport Expertise et démocratie. Faire avec la défiance

Où en est la défiance vis-à-vis des experts ?

Un expert, c’est quoi ?

Être expert, ce n’est pas un métier, c’est une situation : celle de la personne que l’on consulte lorsqu’on doit faire un choix, pour qu’elle apporte une connaissance présumée utile.

Qu’est-ce que les Français reprochent aux experts ?

Ce sont « toujours les mêmes » dans les médias. Les chiffres ne reflètent pas la réalité. Ils sont liés aux industriels et au pouvoir politique.

  • Qui est responsable du changement climatique ?
  • La réduction du temps de travail a-t-elle fait reculer le chômage ?
  • Les vaccins sont-ils dangereux ?
  • L’euro a-t-il fait Flamber les prix ?
  • 4 ou 5 jours d’école pour les enfants ?

Pourquoi cette défiance ?

Les citoyens sont plus diplômés qu’avant, donc plus en capacité de s’intéresser au débat et d’avoir un avis critique.

De nombreux scandales ont entaché la confiance des Français : sang contaminé, Tchernobyl, Levothyrox...

La croissance ralentit, ce qui fait douter de l’efficacité des politiques.

Le numérique et les réseaux sociaux fragilisent les autorités (scientifiques et politiques) en situant leurs paroles sur le même plan que les autres.

Les "points de tension"

  • Intitutions
    Agences, observatoires… l’expertise s’est institutionnalisée pour garantir les savoirs mais la défiance s’est parfois reportée sur ces institutions.
  • Participation
    Les citoyens ont-ils assez confiance dans les démarches participatives pour s’y engager ?
  • Indépendance
    S’il faut se méfier de conflitsd’intérêts qui peuvent corromprel’expertise, il importe surtoutd’expliciter « d’où parle » l’expert.
  • Concurrence
    Politologue, économiste, sociologue… un expert n’est jamais parfaitement neutre : sa discipline et ses méthodes d’analyse portent des valeurs.
  • Chiffres
    Les approches quantitatives ont un avantage : le chiffre offre une apparence objective, mais le « tout chiffre » dévalorise ce qui n’est pas quantifiable.
  • Big Data et intelligence artificielle
    Le Big Data et l’IA promettent une « expertise sans experts », impartiale… mais on risque de ne plus pouvoir débattre.

Conclusion : il s’agit de « faire avec la défiance » plutôt que de chercher à recréer la confiance. Il faut incorporer la défiance à la fabrique de l’expertise pour la rendre plus ouverte, plus pertinente et plus robuste. Comment ?

Les pistes pour faire avec la défiance

Répondre aux questions des citoyens telles qu’ils se les posent

  • Un défenseur du droit d’accès aux expertises
  • Un budget citoyen pour lancer des travaux de recherche d’intérêt public
  • Des comités de citoyens pour participer à l’évaluation des politiques publiques

Rendre l’expertise plus lisible

  • Rendre plus transparente la désignation des experts par le gouvernement
  • Élargir la capacité d’expertise du Parlement
  • Structurer des services d’évaluation dans les principaux ministères
  • Créer un organe d’échanges entre les sciences humaines et sociales et le gouvernement

Rapprocher les cultures

  • Organiser dans les ministères des voies de remontée du savoir de terrain
  • Former à la culture scientifique les journalistes et les responsables administratifs
  • Former les chercheurs à la parole publique