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Interventions média
Publié le
Mardi 15 Décembre 2015
Réalisé par la CCI Bretagne et unique en région, le Palmarès de Bretagne Economique présente le classement des 600 premières entreprises bretonnes, par secteur d’activité (Agro-alimentaire, Commerce, Industrie et construction et Services) et chiffre d’affaires décroissant (2014). Jean Pisani-Ferry est interviewé à l'occasion de la publication de la 27ème édition du Palmarès.
Jean Pisani-Ferry

Situation économique : pourquoi la France continue-t-elle de piétiner ?

On ne peut pas vraiment dire qu’elle piétine : il y a un progrès. Les derniers chiffres trimestriels attestent d’une croissance de 1% sur l’année. Il y a un an nous étions à zéro. Il y a donc du mieux, et les enquêtes témoignent d’un optimisme accru des entreprises et  les ménages. Cependant ce rythme reste insuffisant. Il est inférieur à ce qui est observé en Allemagne ou au Royaume-Uni, et encore insuffisant pour contribuer de façon significative à la réduction du chômage. Et comme nous avons un chômage élevé, notamment si on le compare aux meilleurs de nos voisins, il nous faut une croissance plus élevée.

La croissance sera-t-elle au rendez-vous en 2016 ?

Je le crois, parce que les conditions externes et internes sont favorables. Il y a certes des risques : la croissance des émergents a été depuis dix ans le moteur essentiel de l’économie mondiale ; le ralentissement de leur croissance, notamment en Chine, en Amérique latine ou en Russie, pèse aujourd’hui fortement sur la croissance mondiale, qui déçoit. Corrélativement le commerce mondial croît moins rapidement, et le développement des chaînes de valeur mondiales a probablement atteint un plateau. Heureusement, les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni se portent bien. Nous sommes passés d’un moteur à l’autre. Et nous bénéficions du bas prix du pétrole, qui résulte en partie de ce ralentissement émergent. Pour le court terme, notre potentiel de rebond est fort. Pour  le moyen terme, c’est plus incertain car les gains de productivité sont paradoxalement très faibles dans tous les pays avancés. Aux États-Unis comme en Europe, nous assistons à un progrès technique spectaculaire, mais qui ne se traduit pas dans les chiffres macroéconomiques. C’est un grand paradoxe. Nous ne savons donc pas dire quel est le potentiel de croissance à moyen terme ou quel est le seuil à partir duquel cette croissance crée de l’emploi.

La Région est-elle le bon échelon pour un développement économique performant ?

Il n’y a pas un seul « bon échelon ». La croissance moderne s’organise entre une métropole et le territoire avoisinant, la région est un échelon d’équilibre important surtout s’il y a, sur son territoire, suffisamment de diversité dans les savoirs et les spécialisations, et si ses réseaux économiques internes sont suffisamment forts. De ce point de vue, France Stratégie a souligné dans une étude récente que la Bretagne était un territoire économique cohérent du fait des échanges nourris de travailleurs et de capital entre les départements de la région. Le fait est là : les territoires bretons sont bien intégrés entre eux, c’est une force.

Quels leviers d’action les Régions doivent privilégier ?

Les Régions doivent accepter la métropolisation et en faire une force d’entraînement pour l’ensemble du territoire. Les pouvoirs accrus des régions dans le développement économique vont aussi permettre une adaptation des politiques de développement aux spécificités territoriales. Il faut aussi que les régions inventent. L’idéal serait que les régions deviennent des laboratoires et que les bonnes idées se propagent ensuite d’une région à une autre. Toutes n’actionneront pas les mêmes leviers, mais l’enseignement, notamment l’apprentissage (des lycées professionnels aux universités), l’enseignement supérieur et la formation tout au long de la vie semblent incontournables. De même qu’une politique intelligente de transports et de mobilité.

À quelles conditions les politiques d’aides aux entreprises sont-elles efficaces ?

La politique mise en place avec le Pacte de responsabilité se justifiait parce que nombre d’entreprises étaient en situation de sous-rentabilité et de fragilité financière. Mais il faut être clair : le pays n’a pas les moyens de répéter l’effort qui a été conduit avec le CICE et les allégements de cotisation associés. Il appartient maintenant aux acteurs économiques et sociaux de créer eux-mêmes les conditions d’un partage des revenus équilibré. Il faut que les hausses de pouvoir d’achat soient financées par des gains de productivité.

1 %, c'est le taux de croissance du PIB attendu en 2015

De quelles capacités disposent les régions pour constituer des outils de financement adaptés à tous les stades de développement des entreprises ?

Elles ne doivent pas chercher à le faire toutes seules. Là encore, la condition de leur réussite est de fédérer les énergies et les initiatives en mobilisant l’ensemble des outils disponibles – régionaux, nationaux, européens ou locaux. Pour le financement des  entreprises, il existe des outils et des initiatives à tous ces niveaux. Le rôle de la région est davantage de s’assurer que les entreprises sont orientées vers le meilleur acteur, au meilleur moment et en fonction de leurs besoins.

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