Back to
Communiqués de presse
Publié le
Mercredi 28 Octobre 2020
À eux seuls, l'extraction et le raffinage des métaux sont à l'origine d'un dixième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Alors que leur consommation augmente fortement dans un contexte de double transition écologique et numérique, tenir compte dans les politiques publiques de l'impact carbone de l'extraction et du raffinage pourrait conduire à une transformation de leur usage, favorisant la sobriété et l'économie circulaire. En réponse à une demande de la feuille de route pour l'économie circulaire, France Stratégie propose d'évaluer le contenu carbone d'une sélection de métaux. Certains métaux rares ou précieux ont ainsi une très grande intensité en carbone : 20 600 tonnes de CO2 émises pour une tonne extraite et raffinée de platine, quand l'acier ne consomme que 2 tonnes de CO2 et l'aluminium 17. Néanmoins, en volume, l'acier et l'aluminium concentrent l'essentiel des émissions et seraient les plus affectés par l'introduction d'un prix du carbone sur les émissions liées à l'extraction et au raffinage.
Comment évaluer l’externalité carbone des métaux

Une forte croissance de la consommation de ressources et donc des externalités associées

Entre 1970 et 2017, la consommation en volume de métaux est passée de 2,6 milliards de tonnes à 9,1 milliards de tonnes : cela représente une hausse moyenne de 2,7 % par an et de 250 % sur la période. L'extraction et le raffinage de ces seules ressources métalliques nécessitent de 7 à 10 % de l'énergie primaire à l'échelle mondiale. Or les métaux sont nécessaires à la production des énergies renouvelables. Cette boucle énergie/métaux est à prendre en compte dans l'évaluation carbone des produits technologiques « verts » car ces derniers peuvent voir leur impact de réduction des émissions de GES être en partie annulé, voire totalement. De plus, outre un bilan humain difficilement quantifiable, ces activités extractives induisent toutes des dommages environnementaux, voire sanitaires, qui souvent se renforcent les uns les autres.

Évaluation du contenu carbone des ressources

Comment évaluer les émissions carbones liées à l'extraction des métaux ? Cette note propose une approche par les dépenses énergétiques. Toute activité, en particulier l'extraction des ressources naturelles, nécessite des quantités plus ou moins importantes d'énergie. Or ce sont ces dépenses énergétiques qui génèrent le plus de gaz à effet de serre. Certes, le changement d'affectation des sols et leur artificialisation jouent aussi un rôle sur les émissions comme sur le captage des gaz à effet de serre, mais ces deux facteurs étant très difficiles à évaluer, la note choisit de se concentrer sur le volet des dépenses énergétiques rapportées en émissions de CO2. 17 métaux sont ainsi retenus, pour une évaluation articulée en deux étapes : la reprise tout d'abord dans la littérature scientifique de l'énergie nécessaire à l'extraction et au raffinage ; puis l'évaluation des émissions de carbone par unité d'énergie utilisée des principaux pays producteurs.

Comment internaliser l'externalité climatique de l'extraction de ressources ?

Une fois estimé le contenu carbone des différents métaux, cette note explore les moyens d'intégrer le coût environnemental de cette teneur en carbone dans les prix, en réponse à un objectif fixé par la Feuille de route pour l'économie circulaire. Internaliser cette externalité des métaux par une valorisation des émissions peut de fait contribuer à orienter l'investissement des acteurs de la filière, à financer la transition et à réduire la dépendance de la croissance économique à la consommation de métaux. Internaliser ces coûts, au moyen de taxes, ou de droits, en incluant les métaux importés grâce à un ajustement carbone aux frontières, est un outil important pour parvenir à limiter ces émissions. De la même manière, étudier les émissions engendrées par le recyclage et y appliquer la même logique devrait permettre de favoriser l'utilisation de métaux recyclés.