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Communiqués de presse
Publié le
Vendredi 21 Mai 2021
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la réduction drastique de notre consommation d'énergie fossile est essentielle. Cette diminution va entrainer un besoin croissant en électricité, qui fournit aujourd'hui seulement moins d'un tiers de notre consommation d'énergie finale. Envisager le système électrique à long terme est donc fondamental pour la planification du système énergétique et de la neutralité carbone. Cela implique une réflexion quant au niveau de consommation attendu, quant à la profondeur de l'électrification des usages, et quant aux moyens de production permettant de les satisfaire. Maxime Gérardin identifie dans ce Point de vue les enjeux à prendre en compte pour appréhender efficacement les transformations nécessaires du système électrique français sur le long terme.
Point de vue - Projeter le système électrique français vers le long terme, entre objectifs ambitieux et incertitudes radicales ?

Des incertitudes grandissantes quant à l'évolution du système électrique

Si une part des évolutions à court et moyen termes du système électrique sont relativement prévisibles, les choix d'investissements dans ce système imposent de se projeter à plusieurs décennies. À ces échéances, les incertitudes se multiplient - par exemple, les évolutions techniques, les attentes de la société, les consommations ou encore le contexte international et les enjeux géopolitiques associés. Tous font l'objet d'incertitudes majeures. Plus on se penche sur des horizons temporels lointains, plus le jeu des incertitudes élargit le champ des possibles, faisant du bilan prévisionnel à long terme un exercice de nature très différente des bilans prévisionnels de court et moyen terme.

Évaluer le volume d'électricité à produire : un préalable incontournable

Le débat sur l'électricité, tel que soumis au regard du grand public, se concentre souvent sur la seule question du mix de production électrique. Or, avant d'en venir au mix électrique, la quantité même d'électricité à prévoir à l'horizon 2050 dépend massivement de nombre d'enjeux majeurs mais difficiles, au sujet desquels les diagnostics comme le consensus politique restent à approfondir : évolutions envisageables des modes de vie, rôle de la sobriété ; évolution du paysage industriel français ; quantité de liquides et gaz « verts » réellement mobilisables ; optimisation et électrification des consommations énergétiques de l'industrie, des véhicules, et du chauffage des bâtiments, etc. Ces débats, comme celui relatif à la sécurité d'approvisionnement, se situent naturellement en amont du débat sur la composition du mix électrique.

À l'inverse, un débat énergétique et électrique qui se structurerait autour de la seule opposition entre renouvelables et nucléaire, passerait vraisemblablement à côté de nombre de questions cruciales pour l'entrée effective dans une trajectoire de neutralité carbone. Notamment, la question difficile du rythme auquel les différents moyens de production d'électricité peuvent être déployés sera cruciale. Il en va de même du mouvement d'électrification des usages. Ces débats, urgents, ont vocation à être traités notamment par des analyses plus directes que ne le sont les modélisations complètes du système électrique.

Un aller-retour fréquent entre orientations politiques et analyses techniques sera incontournable

Enfin, nombreux sont les sujets qui appellent un dialogue renforcé entre orientations politiques et analyses techniques. Tel est le cas notamment du statut des échanges d'électricité entre pays européens, ou encore de la clarification des objectifs relatifs à une forme d'indépendance énergétiques. Sûrement un tel dialogue est-il indispensable aussi concernant les approches à adopter face aux incertitudes majeures, sociétales comme industrielles, qui nous attendent sur le chemin de la neutralité carbone.