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Publié le
Jeudi 21 Novembre 2013
Les débats régionaux pour nourrir le projet Quelle France dans 10 ans ? menés par Commissariat général à la stratégie et à la prospective se sont poursuivis avec une étape à Toulouse. Consacrées au modèle productif, deux tables rondes ont réuni des économistes, des entreprises, des responsables de pôles de compétitivité et des syndicalistes. Avec deux thèmes au cœur des échanges : « Comment faire émerger les entreprises de taille intermédiaires (ETI) ? » et « Le capital humain, levier d’adaptation du système productif ».
Retour sur le débat régional à Toulouse

La région Midi-Pyrénées, à la longue tradition industrielle dans le secteur aéronautique mais aussi la santé et l’agroalimentaire, n’est pas la plus mal lotie. Mais ici aussi, on s’interroge sur le devenir du modèle de production français, « qui a évolué ces dernières années sans vision, ni stratégie », selon Alain Di Crescenzo, président de la Chambre de commerce et d’industrie. Pour redonner un coup de fouet à la compétitivité des entreprises, plusieurs points ont été avancés : stabilité fiscale et réglementaire, création d’écosystèmes innovants favorisant les collaborations entre acteurs et investissements dans l’éducation et la recherche.

Le rôle de l’État ne fait toutefois pas consensus. Certains prônent le retour d’un État stratège qui donne les grandes priorités de l’industrie et incite les dirigeants de PME à dépasser leur ego pour se regrouper et « créer des champions ». D’autres souhaitent que l’État s’en tienne à sa mission principale : financer l’enseignement supérieur et la recherche et créer un environnement propice à la vie des entreprises. « .Il importe moins de définir des types de production que de faire sauter les verrous d’une régulation trop pesante » estime Marc Ivaldi, directeur d’études de Toulouse School of Economics.

 

Le verrou qui empêcherait les PME de grossir serait le seuil de 50 salariés qui, au-delà, induit des coûts plus importants. Deux entreprises de la région ont grandi en dépit de ce frein, en adoptant des stratégies différentes. Aerolia, concepteur et fabricant de fuselages d’avion employant 3 200 personnes, s’est développée à la manière des ETI allemandes : délocalisation d’une partie de sa production au Maghreb et proximité avec les clients internationaux grâce à des équipes expatriées sur place.

 

Le groupe Poult, 2ème biscuitier français, comptant 800 salariés, aura recruté une cinquantaine d’ouvriers en 2013 dans ses usines françaises (il en possède aussi trois en Pologne). Il mise sur l’innovation: « Pour se développer dans le secteur très concurrentiel de l’agroalimentaire, il faut avoir de bons projets, relate Carlos Verkaeren, le président. Cela implique de réinventer le management de l’entreprise de fond en comble : tous les salariés sont acteurs de l’innovation, y compris les ouvriers sur les lignes, et participent aux décisions de l’entreprise. Chez nous, il n’y a pas d’organigramme, ni de comité de direction

 

Le capital humain devient un facteur clé pour accompagner les évolutions nécessairement rapides de la production. Mais la gestion des ressources humaines ne doit pas se limiter à la formation, afin que les salariés élargissent leurs compétences, ce qui permet de fluidifier la mobilité entre les métiers. Il s’agit également  de penser « le bien-être au travail » et de favoriser l’empowerment, autrement dit la responsabilisation ou le pouvoir d’agir des employés. « Le premier expert de son travail, c’est le salarié, explique Grégory Martin, secrétaire général de la CFDT  Midi-Pyrénées. En participant davantage au projet économique et aux décisions, il ferait bénéficier l’entreprise de ce savoir. » Pour valoriser le capital humain, l’accent doit être mis sur la reconnaissance, via notamment une meilleure appréciation du rapport contribution/rétribution de chacun.

 

À Toulouse, on se montre plutôt optimiste, en incitant à regarder la bouteille à moitié pleine. Le moment est propice, car les « technologies de rupture » s’apprêtent à redessiner la cartographie des secteurs industriels. À la France de ne pas rater le tournant…

 

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