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Communiqués de presse
Publié le
Mercredi 24 Février 2021
Depuis le début des années 1990 la répartition spatiale des logements sociaux s'est homogénéisée. C'est ce qui ressort de l'observation des 55 unités urbaines de plus de 100 000 habitants, qui accueillent ensemble près de la moitié des résidents de France métropolitaine. Cette meilleure répartition des logements sociaux a-t-elle contribué à faire baisser le niveau de ségrégation des ménages modestes ? France Stratégie a présenté hier les résultats de sa nouvelle étude lors d'une webconférence introduite par Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du logement.
La meilleure répartition des logements sociaux a-t-elle fait progresser la mixité sociale ?

La ségrégation résidentielle désigne l'inégale répartition dans l'espace urbain de différentes catégories de population. Elle peut résulter de choix individuels, motivés par la recherche d'un entre soi, ou de phénomènes de relégation, liés notamment au prix des logements. La part des logements sociaux qu'il faudrait « déplacer » d'un quartier à l'autre pour que leur part parmi les logements soit la même dans tous les quartiers de l'unité urbaine, ce que l'on nomme leur indice de ségrégation, est ainsi passée en moyenne de 61 % à 50 % entre 1990 et 2015.

La loi SRU a vraisemblablement accompagné cette baisse en incitant les communes, où les logements sociaux étaient peu nombreux, à en construire davantage. Ce phénomène est observé dans toutes les unités urbaines étudiées, même si son intensité peut varier d'une unité urbaine à l'autre. À titre de comparaison, sur la même période, l'indice de ségrégation des cadres de 25-54 ans est resté stable, à 31 % en moyenne, et celui des immigrés d'origine extra-européenne de la même tranche d'âge est passé de 36 % à 33 %. Autrement dit, le parc social reste plus inégalement réparti que les effectifs de cadres ou d'immigrés d'origine extra-européenne, mais sa répartition est sensiblement moins inégale aujourd'hui qu'au début des années 1990.

Cette meilleure répartition des logements sociaux a-t-elle contribué à faire baisser le niveau de ségrégation des ménages modestes ? Pour tenter de répondre à cette question nous mobilisons à la fois des données du recensement, portant sur la période 1990-2017, et des données issues de sources fiscales, portant sur une période plus courte (2012-2019), mais qui permettent de croiser des informations sur le revenu, la localisation et le type de logement.

Après avoir rappelé la façon dont la répartition et le peuplement du logement social ont évolué au cours des années 2010, les auteurs ont analysé l'évolution de la répartition spatiale des ménages modestes. Sur une fenêtre d'observation assez étroite (2012-2018), on observe peu d'effets de la meilleure répartition des logements sociaux sur celle des ménages modestes. France Stratégie propose enfin des pistes permettant d'expliquer pourquoi la meilleure répartition des logements sociaux n'entraîne pas forcément une moindre ségrégation des ménages modestes.