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Communiqués de presse
Publié le
Jeudi 11 Avril 2019
Si les écoles des quartiers défavorisés sont en moyenne mieux dotées, elles ne sont pas aujourd’hui assurées de bénéficier d’un nombre de professeurs plus important. En vue de la réforme de la carte de l’éducation prioritaire en 2020, France Stratégie propose des pistes pour rendre la labellisation et la dotation des écoles plus lisibles et plus justes.
Écoles primaires: comment mieux adapter les moyens aux caractéristiques des territoires ?

Les écoles des quartiers défavorisés bénéficient-elles vraiment de professeurs plus nombreux ? L’auteur analyse l’allocation des moyens enseignants au sein des écoles publiques selon les caractéristiques sociales de leur quartier, en estimant l’origine sociale des écoliers à partir des données fiscales localisées. La note porte sur l’ensemble des écoliers en maternelle et en élémentaire du public sur la période 2013-2016. Faute de données disponibles, elle ne prend pas en compte le dédoublement des CP et CE1 entrepris depuis 2017.

La labellisation en éducation prioritaire : un ciblage des territoires défavorisés qui s’est amélioré, mais qui reste perfectible

La création des réseaux REP et REP+ et la refonte de la carte de l’éducation prioritaire à la rentrée 2015 ont permis de mieux cibler les élèves des territoires les plus défavorisés. On estime aujourd’hui que deux élèves sur trois des 20 % des territoires au revenu médian le plus faible sont scolarisés dans une école labellisée REP ou REP+.

Or, malgré ces progrès, on observe un désajustement entre label de l’école et niveau de vie du quartier. Dans la quasi-totalité des académies subsistent des écoles dites « orphelines » – c’est-à-dire qui ne bénéficient pas de la labellisation REP ou REP+ alors qu’elles le devraient, au regard du niveau de vie de leur quartier. Et inversement, on observe la présence d’écoles primaires dites « embarquées » – c’est-à-dire qui bénéficient de la labellisation REP ou REP+ alors qu’elles ne sont pas situées dans les quartiers les plus défavorisés. Au total on estime que 700 000 élèves, soit un écolier sur 7, sont scolarisés dans une école « orpheline » ou « embarquée ».

Dotations en enseignants : un effet du label, un effet moindre du niveau de vie et une hétérogénéité importante

On compte dans les écoles primaires publiques en moyenne 5,2 enseignants pour 100 élèves. Les écoles en REP bénéficient en moyenne de 10 % d’enseignants en plus par élève et les REP+ de 20 % de plus que les écoles hors EP. Et parmi les écoles hors EP, on observe une modulation significative des moyens en fonction de la situation sociale du quartier – ce qui réduit la sous-dotation dont pâtissent les écoles « orphelines ».

Ces tendances moyennes n’empêchent pas que certaines écoles de l’éducation prioritaire se voient encore en 2016 allouer des moyens qui demeurent inférieurs à ceux dont bénéficient des écoles situées dans des quartiers plus favorisés, un phénomène déjà mis en évidence par France Stratégie à propos des collèges.

Quatre pistes pour améliorer la labellisation et la dotation des écoles

Les dédoublements des classes de CP et CE1 devraient accentuer la dotation spécifique des écoles de l’éducation prioritaire, mais risquent d’accroître les enjeux liés au désajustement entre label et niveau de vie. Le dédoublement renforce l’utilité de mesures permettant de répondre aux difficultés en termes d’identification des territoires défavorisés et d’allocation des moyens. Ainsi, pour préparer la réforme prévue pour la rentrée 2020, France Stratégie recommande de :

  • constituer une base de données exhaustive sur l’origine sociale des élèves, école par école, pour la fin de l’année 2019 ;
  • modifier le zonage de l’éducation prioritaire pour tenir compte des écoles orphelines et des écoles embarquées. Deux variantes sont possibles : labelliser les écoles une à une, en élargissant la notion de réseau à tous les collèges, maintenir la labellisation au collège, mais moduler plus fortement les moyens en fonction du niveau de vie ;
  • augmenter la transparence des données sur l’allocation des moyens des écoles. Les cas de sur- ou sous-dotation manifestes pourraient faire l’objet d’une justification écrite des recteurs – transmise aux comités locaux de l’Éducation nationale – qui assureraient un contrôle et un suivi des établissements dans le temps ;
  • fixer des objectifs chiffrés de différenciation des moyens selon les caractéristiques des territoires à l’horizon 2025 pour faciliter la coordination des acteurs locaux et améliorer la réaffectation des enseignants en fonction des besoins.
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